Les résultats de l'élection présidentielle haïtienne doivent être rendus publics la semaine prochaine. Il sont d'ores et déjà très contestés.
Plus de 1.800 personnes mortes de l’épidémie de choléra
Dès le lendemain du vote, le site Internet du quotidien espagnol El Mundo plaçait Michel Martelly, la star de la musique compas, en tête du premier tour (avec 39% des suffrages), suivi de Mirlande Manigat (31%), la "centriste de gauche" qui a finalement renoncé à demander l’annulation du premier tour. Jude Célestin, le candidat du pouvoir, était crédité de 12% des voix. Interrogé par le JDD, Edmond Mulet assure toutefois que "personne ne peut parler de pourcentages tant que la comptabilité des votes n’est pas achevée". Tout en confirmant que la force de stabilisation de l’ONU en Haïti "soupçonne des manipulations et des fraudes de la part de tous les partis".
A ce contexte électoral tendu s’ajoute l’épidémie de choléra. Au moins 12 personnes ont été lynchées ou lapidées ces derniers jours dans le sud-ouest du pays. Des soupçons sur la responsabilité de Casques bleus népalais ont aussi provoqué des émeutes. Un document est venu contredire le secrétaire général de l’ONU, selon lequel les tests effectués dans le camp népalais s’étaient tous révélés négatifs. Selon un rapport confidentiel d’un expert médecin français, cité par Le Monde, la bactérie mortelle vient bien du camp des militaires népalais. Responsable de la mort de plus de 1.800 personnes, l’épidémie n’est pas combattue efficacement, faute d’argent. Vendredi, le secrétaire général de l’ONU a donc lancé un nouvel appel. Ban Ki-moon a indiqué que la demande formulée le mois dernier (164 millions de dollars) n’avait été financée qu’à hauteur de 20% par les dons internationaux. Ban Ki-moon a aussi estimé que la survie de "millions de personnes" était en jeu.
La situation est-elle en train de dégénérer en Haïti? Tandis que le flou règne toujours sur les résultats du premier tour de la présidentielle qui s’est déroulé dimanche dernier, les manifestations se multiplient dans l’île. Après les affrontements rapportés vendredi à travers le pays, une nouvelle marche devrait se tenir aujourd’hui à Pétionville, sur les hauteurs de Port-au-Prince. Jeudi, plusieurs milliers de manifestants avaient déjà défilé dans la capitale pour réclamer l’annulation du vote, comme l’exigent une dizaine des 18 candidats qui se sont présentés à l’élection. La promesse faite par le Conseil électoral provisoire de proclamer les résultats des scrutins présidentiel et législatif au plus tard mardi n’a pas suffi à calmer les esprits. La France s’est dite "préoccupée par les violences" et a lancé un appel au calme, en vain. Edmond Mulet, le chef de la mission onusienne dans le pays, a fait une mise au point: "La communauté internationale va se retirer d’Haïti et le pays ne va pas bénéficier de l’appui et de ressources internationales si la volonté populaire n’est pas respectée."