EPIDEMIE DE CHOLERA EN HAITI

.............APRES LE TERRIBLE TREMBLEMENT DE TERRE DU 12 JANVIER, HAITI ET LES HAITIENS FONT FACE A UNE TERRIBLE EPIDEMIE DE CHOLERA...DEJA PLUS DE 1810 MORTS...PLUS DE 35.000 HOSPITALISES ET PLUS DE 90.000 CONTAMINES..ACTIONS POUR HAITI VOUS INFORME REGULIEREMENT SUR LA SITUATION.....

dimanche 5 décembre 2010

Haïti: Vives tensions à l’approche des résultats

Les résultats de l'élection présidentielle haïtienne doivent être rendus publics la semaine prochaine. Il sont d'ores et déjà très contestés.

Plus de 1.800 personnes mortes de l’épidémie de choléra

Dès le lendemain du vote, le site Internet du quotidien espagnol El Mundo plaçait Michel Martelly, la star de la musique compas, en tête du premier tour (avec 39% des suffrages), suivi de Mirlande Manigat (31%), la "centriste de gauche" qui a finalement renoncé à demander l’annulation du premier tour. Jude Célestin, le candidat du pouvoir, était crédité de 12% des voix. Interrogé par le JDD, Edmond Mulet assure toutefois que "personne ne peut parler de pourcentages tant que la comptabilité des votes n’est pas achevée". Tout en confirmant que la force de stabilisation de l’ONU en Haïti "soupçonne des manipulations et des fraudes de la part de tous les partis".
A ce contexte électoral tendu s’ajoute l’épidémie de choléra. Au moins 12 personnes ont été lynchées ou lapidées ces derniers jours dans le sud-ouest du pays. Des soupçons sur la responsabilité de Casques bleus népalais ont aussi provoqué des émeutes. Un document est venu contredire le secrétaire général de l’ONU, selon lequel les tests effectués dans le camp népalais s’étaient tous révélés négatifs. Selon un rapport confidentiel d’un expert médecin français, cité par Le Monde, la bactérie mortelle vient bien du camp des militaires népalais. Responsable de la mort de plus de 1.800 personnes, l’épidémie n’est pas combattue efficacement, faute d’argent. Vendredi, le secrétaire général de l’ONU a donc lancé un nouvel appel. Ban Ki-moon a indiqué que la demande formulée le mois dernier (164 millions de dollars) n’avait été financée qu’à hauteur de 20% par les dons internationaux. Ban Ki-moon a aussi estimé que la survie de "millions de personnes" était en jeu.
La situation est-elle en train de dégénérer en Haïti? Tandis que le flou règne toujours sur les résultats du premier tour de la présidentielle qui s’est déroulé dimanche dernier, les manifestations se multiplient dans l’île. Après les affrontements rapportés vendredi à travers le pays, une nouvelle marche devrait se tenir aujourd’hui à Pétionville, sur les hauteurs de Port-au-Prince. Jeudi, plusieurs milliers de manifestants avaient déjà défilé dans la capitale pour réclamer l’annulation du vote, comme l’exigent une dizaine des 18 candidats qui se sont présentés à l’élection. La promesse faite par le Conseil électoral provisoire de proclamer les résultats des scrutins présidentiel et législatif au plus tard mardi n’a pas suffi à calmer les esprits. La France s’est dite "préoccupée par les violences" et a lancé un appel au calme, en vain. Edmond Mulet, le chef de la mission onusienne dans le pays, a fait une mise au point: "La communauté internationale va se retirer d’Haïti et le pays ne va pas bénéficier de l’appui et de ressources internationales si la volonté populaire n’est pas respectée."

lundi 15 novembre 2010

Choléra en Haïti: l'épidémie progresse

Clarens Renois
Agence France-Presse

Clarens Renois
Agence France-Presse

Publié le 14 novembre 2010 à 12h54
Clarens Renois
Agence France-Presse
L'ONU s'attend à ce que près de «200 000 personnes montrent
des symptômes du choléra, allant de diarrhées légères à une
déshydratation sévère». Photo: David Boily, La Presse
L'épidémie de choléra qui sévit depuis la mi-octobre en Haïti continuait de prendre de l'ampleur dimanche, le bilan passant à 917 décès dans le pays le plus pauvre des Amériques, où de nombreux sinistrés du séisme de janvier vivent toujours dans des conditions précaires.
Dans son dernier bilan publié dimanche, soit deux semaines jour pour jour avant des élections législatives et présidentielle cruciales pour le pays, le ministère de la Santé haïtien, révèle que la maladie hautement contagieuse a fait 121 morts de plus que lors du précédent bilan publié vendredi.
Le ministère note toutefois que le nombre de décès quotidiens s'est quelque peu ralenti, passant de 66 décès journaliers à 46. Il indique qu'il y a eu 14 642 hospitalisations mais que la grande majorité des malades ont pu quitter l'hôpital.
Sur les dix régions du pays, six rapportent désormais des cas de choléra.
Le département de l'Artibonite (nord), foyer de l'épidémie, reste la région la plus touchée avec un total de 595 morts depuis la mi-octobre, selon les données publiées par le ministère de la Santé.
La maladie continue aussi de progresser dans la capitale Port-au Prince, avec 27 morts recensés contre 13 lors du précédent bilan. Les autorités redoutent que l'épidémie ne fasse des ravages dans la ville surpeuplée où plus d'un million d'habitants vivent dans des conditions sanitaires précaires depuis le séisme du 12 janvier qui a fait 250 000 morts.
Caroline Séguin coordonnatrice de l'organisation Médecins sans Frontières (MSF) en Haïti, explique la baisse relative de la mortalité dans le pays par une présence renforcée des structure médicales sur le terrain.
«Le nombre de morts a chuté depuis que nous avons installé des centres de traitement mais l'affluence de nouveaux cas de personnes atteintes est toujours importante», explique-t-elle à l'AFP.
«Nous continuons de recevoir 40 à 50 cas par jour qui viennent des villages dans un centre de traitement où nous disposons de 120 lits pour les cas sévères», a indiqué à l'AFP la responsable, dont l'organisation s'est notamment implantée dans la ville des Gonaïves (nord).
La situation risque en tout cas de compliquer la donne pour les élections du 28 novembre.
Mirlande Manigat, favorite dans les sondages pour prendre la succession de René Préval à la présidence d'Haïti, reconnaît que «le contexte général n'est pas favorable aux élections», citant le séisme, le choléra ou encore les ouragans qui frappent fréquemment le pays. Mais, a-t-elle déclaré à l'AFP, «il n'est pas raisonnable de penser à un report» du scrutin.
Leslie Voltaire, également candidat à la présidence partage cette opinion.
«On ne peut pas reporter les élections en raison du choléra. Personne ne sait si la situation ne va pas empirer dans un ou deux mois», dit-il à l'AFP, mettant en garde contre le risque d'une «nouvelle crise politique» si un gouvernement provisoire devait être mis en place.
Les autorités organisaient dimanche un grand débat national sur toutes les chaînes de radio et de télévision pour débattre de la situation, qualifiée récemment de «question de sécurité nationale» par les autorités.
Plus de 4,7 millions d'Haïtiens sont attendus aux urnes le 28 novembre pour élire un président, 11 sénateurs et 99 députés.
L'ONU a lancé vendredi un appel de fonds d'urgence de 163,8 millions de dollars (120 millions d'euros) pour «éviter d'être dépassée» par l'épidémie.
L'organisation s'attend à ce que près de «200 000 personnes montrent des symptômes du choléra, allant de diarrhées légères à une déshydratation sévère».

CE QU'IL FAUT SAVOIR SUR LE CHOLERA

Aide-mémoire N°107
Juin 2010

Choléra

Principaux points
  • Le choléra est une maladie diarrhéique aiguë, dont on peut mourir en quelques heures en l’absence de traitement.
  • Selon les estimations, il y a chaque année 3 à 5 millions de cas de choléra, avec 100 000 à 120 000 décès.
  • On peut réussir à traiter jusqu’à 80% des cas avec les sels de réhydratation orale.
  • Les mesures de lutte efficaces s’appuient sur la prévention, la préparation et la riposte.
  • L’approvisionnement en eau sûre et l’assainissement sont essentiels pour réduire l’impact du choléra et des autres maladies à transmission hydrique.
    On considère que les vaccins anticholériques par voie orale sont un moyen complémentaire de lutte, mais ne doivent pas remplacer les mesures classiques.

Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae. Selon les estimations, il y a chaque année 3 à 5 millions de cas de choléra, avec 100 000 à 120 000 décès. La brève période d’incubation, de deux heures à cinq jours, renforce la dynamique potentiellement explosive des épidémies.


Liens
Thème de santé: choléra

Note d'information de l'OMS sur les vaccins anticholériques
[pdf 283kb]


Symptômes

Le choléra est une maladie extrêmement virulente. Touchant les enfants comme les adultes, on peut en mourir en quelques heures.
Environ 75% des sujets infectés par V. cholerae ne manifestent aucun symptôme, bien que le bacille soit présent dans leurs selles pendant 7 à 14 jours après l’infection et soit éliminé dans l’environnement, où il peut potentiellement infecter d’autres personnes.
Pour ceux qui manifestent des symptômes, ceux-ci restent bénins à modérés dans 80% des cas, tandis que chez environ 20% des cas, une diarrhée aqueuse aiguë, s’accompagnant de déshydratation sévère, se développe. En l’absence de traitement, elle peut entraîner la mort.
Les sujets ayant une faible immunité, enfants souffrant de malnutrition ou personnes vivant avec le VIH par exemple, sont davantage exposés au risque de mort en cas d’infection.

Histoire

Au 19ème siècle, le choléra s’est répandu dans le monde entier à partir de son réservoir original, dans le delta du Gange en Inde. Les six pandémies qui ont eu lieu par la suite ont tué des millions de personnes sur tous les continents. La pandémie actuelle (la septième) a démarré en Asie du Sud, en 1961, a atteint l’Afrique en 1971, puis les Amériques en 1991. Le choléra est désormais endémique dans de nombreux pays.

Souches de Vibrio cholerae

Deux sérogroupes, O1 et O139, sont à l’origine des flambées épidémiques. V. cholerae O1 provoque la majorité des flambées, tandis que O139, identifié pour la première fois au Bangladesh en 1992, est confiné à l’Asie du Sud-Est.
Les souches de V. cholerae non-O1-non-O139 peuvent provoquer des diarrhées bénignes, mais pas d’épidémie.
On a détecté récemment de nouvelles variantes dans plusieurs zones d’Asie et d’Afrique. Selon les observations, ces souches provoqueraient un choléra plus grave, avec des taux de létalité plus élevés. On recommande donc une surveillance épidémiologique attentive des souches en circulation.
Les principaux réservoirs de V. cholerae sont l’être humain et les milieux aquatiques, comme les eaux saumâtres et les estuaires, que l’on associe souvent à des proliférations d’algues. Selon des études récentes, le réchauffement climatique crée un environnement favorable pour ce bacille.

Facteurs de risque et charge de morbidité

La transmission du choléra est étroitement liée à une mauvaise gestion de l’environnement. On trouve dans les zones à risque typiques les bidonvilles périurbains, qui ne disposent d’aucune infrastructure de base, ou les camps de réfugiés ou de personnes déplacées, où les besoins minimums en eau propre et en assainissement ne sont pas assurés.
Les catastrophes, avec l’interruption des systèmes d’approvisionnement en eau et d’assainissement, ou des déplacements de populations dans des camps mal équipés et surpeuplés, ont pour conséquence d’augmenter le risque de transmission du choléra, si jamais le bacille est présent ou s’il est introduit. Il n’y a jamais eu d’épidémies à partir des cadavres.
Le choléra reste à l’échelle mondiale une menace pour la santé publique et c’est un indicateur clef de l’insuffisance du développement social. On a d’ailleurs observé récemment sa réémergence, parallèlement à l’augmentation continuelle des populations vulnérables vivant dans de mauvaises conditions d’hygiène.
Le nombre des cas de choléra notifiés à l’OMS continue de croître. De 2004 à 2008, cette augmentation a été de 24% par rapport à la période 2000–2004. Rien qu’en 2008, 56 pays ont notifié 190 130 cas, dont 5143 mortels. Mais de nombreux cas ne sont pas recensés à cause des limitations des systèmes de surveillance et de la crainte de sanctions limitant les voyages et les échanges commerciaux. On estime que le bilan véritable de la maladie se chiffre à 3-5 millions de cas et 100 000-120 000 décès par an.

Prévention et lutte

Une approche pluridisciplinaire, fondée sur la prévention, la préparation et l’action, accompagnée d’un système de surveillance efficace, est essentielle pour atténuer la gravité des flambées de choléra, l’endiguer dans les zones d’endémie et faire baisser la mortalité.

Traitement

C’est une maladie facile à traiter. On peut guérir jusqu’à 80% des sujets atteints en leur administrant rapidement les sels de réhydratation orale (sachet standard de SRO OMS/UNICEF). En cas de déshydratation très sévère, la perfusion de liquide par voie intraveineuse s’impose. Ces patients nécessitent également des antibiotiques adaptés pour raccourcir la durée de la diarrhée, diminuer les quantités de liquide de réhydratation nécessaires et écourter la durée de l’excrétion des bacilles. On ne recommande pas l’administration de masse des antibiotiques, car elle n’a aucun effet sur la propagation de la maladie et contribue à renforcer les résistances.
Pour garantir un accès rapide au traitement, il faut mettre en place des Centres de traitement du choléra (CTC) dans les populations affectées. Avec une bonne prise en charge, le taux de létalité devrait se maintenir en dessous de 1%.

Action en cas de flambée

Quand on a détecté une flambée, la stratégie habituelle consiste à diminuer la mortalité, en garantissant un accès rapide au traitement, et à juguler la propagation de la maladie, en fournissant une eau sûre, de bonnes conditions d’assainissement et une éducation sanitaire pour améliorer l’hygiène et la manipulation des aliments dans la communauté. L’approvisionnement en eau et l’assainissement représentent un énorme défi, mais ils restent le facteur essentiel pour réduire l’impact du choléra.

Vaccins anticholériques par voie orale

Il en existe actuellement deux types sur le marché. Il s’agit dans les deux cas de vaccins à germes entiers, l’un avec une sous-unité B recombinante, l’autre sans. Tous deux assurent une protection durable de 50%, se maintenant pendant deux ans en situation d’endémie.
L’un des vaccins (le Dukoral) est présélectionné par l’OMS et homologué dans plus d’une soixantaine de pays. On a montré qu’il conférait une protection de 85-90% sur le court terme contre V. cholerae O1 dans toutes les tranches d’âges, pendant 4 à 6 mois après la vaccination.
L’autre (le Shanchol) est en attente de présélection par l’OMS et confère une protection plus longue contre V. cholerae O1 et O139 chez les enfants de moins de 5 ans.
Ces deux vaccins nécessitent l’administration de deux doses à un intervalle allant de sept jours à six semaines. Le vaccin avec la sous-unité B (Dukoral) doit être dilué dans 150 ml d’eau potable pour l’administrer.
L’OMS recommande que la vaccination avec les vaccins actuellement disponibles s’accompagne des mesures de lutte habituellement recommandées dans les zones où le choléra est endémique, ainsi que dans celles où il y a un risque de flambées. Les vaccins assurent un effet sur le court terme, pendant que les activités efficaces à plus long terme, amélioration de l’approvisionnement en eau et de l’assainissement, sont mises en place.
Quand on utilise la vaccination, elle doit cibler les populations vulnérables vivant dans des zones à haut risque et ne pas perturber la mise en œuvre d’autres interventions visant à prévenir ou à endiguer les épidémies de choléra. L’outil de décision de l’OMS en trois étapes a pour but d’aider les autorités sanitaires à décider si elles doivent utiliser les vaccins anticholériques dans les situations d’urgence complexes.
L’OMS n’a jamais recommandé les vaccins anticholériques par voie parentérale, en raison de leur faible efficacité protectrice et de la fréquence élevée des réactions indésirables sévères.

Voyages et échanges commerciaux

De nos jours, aucun pays n’exige plus de certificat de vaccination anticholérique pour autoriser l’entrée sur son territoire. Dans le passé, l’expérience a montré que les mesures de quarantaine et les embargos pour empêcher la circulation des personnes et des marchandises étaient inutiles. On a associé des cas isolés de choléra en relation avec des aliments importés en possession de voyageurs individuels. Par conséquent, il n’est pas justifié de restreindre les importations d’aliments produits dans le respect des bonnes pratiques de fabrication, au seul prétexte que le choléra est épidémique ou endémique dans un pays.
Il est conseillé aux pays limitrophes de régions affectées par le choléra de renforcer la surveillance de la maladie et la préparation nationale pour détecter rapidement d’éventuelles flambées et intervenir, si jamais la maladie devait traverser leurs frontières. En outre, il faut donner aux voyageurs et aux communautés des informations sur les risques potentiels, sur les symptômes du choléra, ainsi que sur les précautions pour l’éviter, et leur indiquer quand et où notifier les cas.

Action de l’OMS

Avec son groupe spécial mondial de lutte contre le choléra, l’OMS:


Donne des conseils techniques et fournit un appui à la prévention et à la lutte au niveau des pays;
  • forme les professionnels de la santé aux niveaux national, régional et international à la prévention, la préparation et l’action contre les flambées de maladies diarrhéiques;
  • diffuse des informations et des lignes directrices sur le choléra et les autres maladies entériques à potentiel épidémique, auprès des professionnels de la santé et du grand public.
Pour plus d'informations:
WHO Media centre
Téléphone: +41 22 791 2222
Courriel: mediainquiries@who.int

lundi 8 novembre 2010

Léogâne: la ville de toutes les catastrophes

Publié le 08 novembre 2010 à 05h00
Michèle Ouimet, envoyée spéciale La Presse
(Haïti) Épicentre du tremblement de terre en janvier, Léogâne a vu l'ouragan Tomas inonder la moitié de ses maisons vendredi. Collée sur Port-au-Prince, la petite localité de 60 000 habitants est vulnérable avec une rivière qui la traverse et la mer qui la longe. Si Léogâne a été inondée, ses banlieues, elles, ont été coupées du reste du monde. La Presse s'y est rendue.
Des hommes et des femmes assis sur un parapet regardent la rue enfouie sous un pied d'eau. Silencieux, ils fixent l'eau boueuse qui coule en cascades. Encore une fois, la nature a frappé leur ville, Léogâne.
«L'eau a saisi ma maison», dit Tony Dieuvert. Appuyé sur sa vieille bicyclette, il regarde l'eau en secouant la tête. Une eau sale, boueuse qui charrie des déchets et les matières fécales des latrines qui ont débordé. L'eau a aussi inondé le cimetière fissuré par le tremblement de terre.
L'eau qui coule dans les rues et les maisons de Léogâne est contaminée. La plupart des habitants ne portent pas de bottes et les enfants s'amusent pieds nus dans l'eau.
En janvier, Léogâne a été frappée de plein fouet par le tremblement de terre. C'est dans cette petite ville qui s'étire le long de la mer que le séisme a frappé le plus fort. L'épicentre était à Léogâne. Vendredi, lorsque l'ouragan Tomas a déferlé sur Haïti, Léogâne a été, encore une fois, aux premières loges.
La rivière Rouyonne qui traverse Léogâne est sortie de son lit, et la moitié de la ville a été inondée. Normalement, la rivière se jette dans la mer, mais le niveau de l'eau était trop haut, ce qui a refoulé la rivière vers l'intérieur des terres. Léogâne s'est retrouvée coincée au milieu des eaux tumultueuses, la rivière au centre, la mer au bout.
«La mer a grondé», dit Jackson, 12 ans, en ouvrant des yeux immenses.
Pendant que Léogâne et ses 60 000 habitants pataugent et essaient de se relever, ses banlieues sont isolées. Bossant: 250 familles, Bino Lapointe: 223 familles, Bino Lestère: 243 familles, Lompré: 3000 familles et Ça Ira: 5000 familles. Coupées de tout, sans aucun secours.
Entre ces banlieues et Léogâne, une route de 2 km que les véhicules quatre-quatre ne peuvent pas franchir parce que l'eau est trop haute.
Le coordonnateur des activités de la protection civile de Léogâne, Joseph Philippe, avoue son impuissance. «On a parlé à des sinistrés au téléphone. On ne peut pas les aider parce que nous n'avons pas de camion. Nous n'avons même pas de matériel de bureau! Nous sommes des pieds nus.»
Joseph Philippe retourne à sa réunion au pas de course. Ils sont une quinzaine, dont le maire adjoint, Wilson Saint-Juste. Ils discutent pour essayer de trouver des solutions à la crise. C'est tout ce qu'ils ont les moyens de faire: penser et discuter.
***
Il faut un camion pour franchir les 2 km de route inondée. Un gros camion, avec des roues énormes. Un Haïtien de Léogâne nous dit qu'il connaît un type qui conduit ce genre de mastodonte. Il l'appelle. Kenson Joinville accepte de nous dépanner. Son prix: 50$?US.
Kenson arrive avec son monstre. Son camion a au moins 100 ans: vieux, pour ne pas dire ancestral, bringuebalant, pas de poignée de porte, bancs défoncés. À chaque changement de vitesse, le camion gémit. Vieux, peut-être, mais diablement efficace. Le mastodonte s'enfonce dans l'eau brune et avance à pas de tortue.
De chaque côté de la route, des maisons, de l'eau, de la boue. Et des gens qui lèvent les bras au ciel en nous voyant. Ils veulent de l'aide. N'importe quelle aide.
Nous croisons deux blindés de l'ONU, une équipe américaine de télévision, NBC, et un quatre-quatre de CARE qui a une crevaison. C'est tout. Personne n'apporte de l'aide. CARE évalue la situation, les journalistes de NBC pataugent dans l'eau et les blindés de l'ONU font l'aller-retour sans s'arrêter.
Sur la devanture d'un petit commerce, une inscription: Christ capable.
Au bout de la route, Ça Ira et ses 5000 familles sinistrées. Un vieux monsieur, Anderson Pierre, nous regarde nous enfoncer dans l'eau jusqu'aux genoux, une lueur amusée dans l'oeil. Il fume tranquillement une cigarette, le dos appuyé sur l'échoppe de son fils.
«Le temps nous a mis sur les fesses, raconte-t-il en tirant une longue bouffée de cigarette. On ne peut pas monter, on ne peut pas descendre, alors on reste là.»
La nuit dernière, il a dormi dans sa maison. «L'eau coulait sous mon lit», dit-il sans broncher.
Des enfants nous écoutent, immobiles, les pieds dans l'eau. Comme Anderson Pierre.
Dans une rue transversale ensevelie sous l'eau, des cabanes plantées les unes à côté des autres. Il fait chaud, l'air est saturé d'humidité. Les gens ne font rien, ils attendent des secours qui n'arrivent pas.
Marius Jean-Baptiste a 46 ans et neuf enfants. Sa femme est étendue sur un lit, souffrante. En marchant dans l'eau, elle a mis le pied sur le tranchant d'une boîte de conserve qui lui a coupé le gros orteil. Une vilaine blessure. Son mari est inquiet. Ils n'ont ni médicament ni nourriture. Que de l'eau qui flotte dans l'unique pièce où toute la famille vit entassée.
Les enfants sont grippés. Ils ont faim.
«Des gens sont venus nous voir pour évaluer la situation, mais ils n'ont rien apporté, même pas d'eau!» déplore Marius Jean-Baptiste.
Il lève son chandail et montre son ventre plat. «J'ai faim!»
Au loin, on voit la mer et on entend son grondement. Marius vit ici depuis 20 ans. Jamais il n'a vu autant d'eau. Sa maison a été détruite par le tremblement de terre. Il ne reste que trois murs en ciment et un toit en tôle. Sur une étagère, des vêtements jetés en vrac. Au sol, six pouces d'eau.
Une dame me fait signe. «Venez, venez!»
Elle s'appelle Élisabeth. Elle a 42 ans. Elle vit avec sa fille et sa petite-fille. Seules, sans homme. Elles ont quitté leur maison fissurée par le tremblement de terre pour se réfugier dans un abri en toile qu'une ONG est en train de construire. Le sol est surélevé, l'eau n'a pas envahi le plancher.
Par terre, le bébé de 18 mois dort comme une bûche, la bouche entrouverte. Des mouches tournent autour d'elle et se posent sur son corps chaud. Elle fait de la fièvre et tousse beaucoup.
«Avez-vous mangé?
- Non, répond Élisabeth, mais on a acheté du manger cuit chez une marchande pour la petite.»
Au plafond, accrochée à une poutre en bois, une pouliche jaune et rose.
Le voisin d'Élisabeth s'appelle Jean-Claude Mimi. Il a 43 ans et six enfants. Lui aussi parle du goudou goudou (tremblement de terre) qui a jeté sa maison par terre. Il a construit un abri temporaire fait de tôle ondulée, de bois et de toiles de plastique. Le jour, le soleil tape sur la tôle et surchauffe l'abri.
Il y a environ six pouces d'eau dans sa maison sans fenêtre. Il fait très sombre. Jean-Claude montre d'un geste impuissant ses quelques biens détrempés. Il vit les pieds dans l'eau. Il fait de la fièvre et se sent grippé.
Et la nourriture? «On s'organise entre voisins», répond-il.
On revient vers le camion. Une vielle dame nous arrête. Elle insiste pour qu'on aille chez elle. Même abri de fortune, même misère mouillée, même ventre creux et mêmes yeux fiévreux.
On monte dans le camion. Des hommes nous regardent. L'un d'eux crie: «Blancs, Blancs! Partez! Vous ne faites rien pour nous!»
***
Le maire adjoint, Wilson Saint-Juste, vient de terminer sa réunion. Il sort de la pièce d'un pas pressé.
Grand, mince, traits fins, il porte le poids de Léogâne sur ses épaules. Le maire est malade, alors la communauté s'est tournée vers lui.
«Toute cette eau sale qui coule dans la ville risque de provoquer des problèmes de santé, dit-il. Diarrhées, gastros intestinales... et le choléra, peut-être. Les enfants, les femmes enceintes et les vieillards marchent dans cette eau. Ça crée une psychose dans la population.»
Il soupire et passe une main fébrile dans ses cheveux. «La mairie, c'est le gouvernement le plus près de la population. Quand il y a une catastrophe, les gens viennent nous voir, mais on n'a pas de moyens. On n'a rien: pas de couverture, pas de matelas, pas de médicaments, pas d'eau et pas de camion. Rien!»
«Et les ONG?
- Elles ne bougent pas. Elles nous disent qu'elles doivent faire des évaluations, commander du stock, sauf que les besoins sont urgents. Je suis fatigué des réunions, des dires et des redires qui n'ont pas de fin et ne donnent pas de résultats! Si les ONG pouvaient passer de la parole aux actes, on serait heureux.
- Qu'allez-vous faire pour les gens de Ça Ira?
- On va attendre que l'eau baisse.»
Le maire adjoint s'en va, les mains dans les poches, les traits tirés. Avec tout le poids de Léogâne sur ses épaules.

Des pertes matérielles énormes sont enregistrées dans le sud d'Haïti

Plusieurs villes de la grand Anse et du Sud ont été sévèrement touchées lors du passage de l'ouragan Tomas. Dame Marie, Tiburon et Belladères ainsi que Léogane (Ouest) et Gonaïves (artibonite) ont été partiellement inondées. Les habitants de Dame Marie ont été confrontés à la fois à la marée montante et au débordement de la Grande Rivière de la Grande Anse.

L'ex député Acluche Louis Jeune explique que plusieurs maisonnettes ont été emportées par les vagues. Il assure que c'est la première fois que la mer a causé des dégâts aussi importants.

Associés aux vagues, des rafales de vents ont contribué à la destruction de nombreuses plantations dans la région. Le Centre National de Météorologie (CNM) confirme que des vagues de plus de 3 mètres ont été enregistrées dans la mer des caraïbes. On ignore pour l'instant l'ampleur des pertes économiques dans ces régions agricoles.

Les habitants des villes côtières de la Grand Anse ont payé le plus lourd tribut du passage de l'ouragan Tomas dans les eaux territoriales haïtiennes. Les averses, qui se sont poursuivies dimanche dans plusieurs régions du sud d'Haïti, limitent les recherches et l'acheminement de l'aide aux sinistrés des régions reculées.

LLM / radio Métropole Haïti

Plusieurs villes des Nippes partiellement inondées

Epargnés par les rafales de l'ouragan Tomas, les Nippes ont tout de même enregistré de lourdes pertes en raison du débordement de plusieurs rivières. Les averses qui se sont abattues pendant deux jours ont causé des inondations partielles à Barradères, Plaisance, Fonds des Nègres et Grand Boucan.
Plusieurs maisonnettes ont été détruites et des plantations dévastées rapporte le délégué départemental, Jamil Vincent. Les responsables de la Protection civile avaient réalisé des évacuations à Petit trou de Nippes, Anse a Veau et Miragoane.
Le sénateur Nenel Cassy révèle que des dégâts importants ont été enregistrés à Paillant et Petite Rivière notamment. En lançant un appel de détresse aux autorités gouvernementales, le parlementaire sollicite en priorité des kits alimentaires pour les sinistrés.
Certaines villes telle Barradères ont été inondées à plusieurs reprises au cours de cette année. Les rivières en crues ont également endommagé plusieurs tronçons de route. La région, considérée comme vulnérable, est placée sous haute surveillance par les responsables de la Protection civile.
LLM / radio Métropole Haïti

La distribution des Cartes d'Identification Nationale débute ce lundi

L'Office National d'Identification (ONI) en partenariat avec l'Organisation des Etats Américains (OEA) annonce, le début ce lundi 8 de la campagne de distribution des Cartes d'Identification Nationale (CIN) dans le département de l'Ouest pour les Communes de Port-au-Prince, Delmas, Pétion-ville et Tabarre.
Dans un communiqué , l'ONI invite tous les électeurs de venir retirer leur carte dans les bureaux de l'ONI dans les Communes précitées dans les heures habituelles, c'est-à-dire de 8 heures am à 4 pm, du lundi au vendredi et de 8 heure am à 1 heure pm les samedis et dimanches.
Par ailleurs, l'Office National d'Identification informe que la distribution des CIN débutera ce jeudi 11 novembre dans tous les autres Départements du territoire national.
L'ONI a fait remarquer qu'en plus de 140 bureaux dans tout le pays, 63 unités mobiles seront déployées sur l`ensemble du territoire national afin de faciliter aux citoyens et citoyennes d'avoir leur carte.
« l`Office National d'Identification rappelle a la population que seules les personnes ayant fait leurs demandes avant le 28 septembre 2010, pourront voter, mais également pourront retirer leur CIN dans les bureaux de l'ONI. Les personnes qui ont fait leur demande après le 28 septembre 2010 recevront leurs CIN à une date ultérieure que leur sera communiquée en temps utile. ». Conclut, le communiqué
EJ/Radio Métropole Haïti